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la girouette
9 août 2005

Le pirate

Il est longtemps resté un mystère. A peine avais-je aperçu son drapeau qui flottait au vent et entendu son nom dans la bouche de celui qui froissait mes draps. Le diminutif de son nom, d’ailleurs, tant et si bien qu’il m’a paru familier avant même que je ne le rencontre.
J’allais chez L’Amant et je ne manquais jamais de regarder par la vitre, intriguée par ce fanion noir qui pointait d’un espace où je n’avais pas accès, dont je n’apercevais que les bords blancs des fenêtres, et parfois le linge qui y séchait. Jamais aperçu une tête, si ce n’est ce crâne blanc sur deux os en croix.

Sa main est imprimée en noir à l’entrée de la ville. Je la connais par cœur. Je la connaissais avant de le connaître. Une belle main, bien large, bien nette. Dans mes expéditions nocturnes, pareilles à celles qui l’ont vue s’apposer sur ce pilier, mes doigts rejoignent les siens.
Et pourtant, son monde est haut en couleur. Chez lui ce ne sont que confettis, pastilles et paillettes rouges, vertes, oranges, jaunes, roses, argent… j’ai même failli passer à côté sans les voir, tant c’était inattendu.

Le pirate a du cœur. Il parle des gamins en disant les mômes. Il est un peu timide, si bien qu’on croit d’abord qu’il est distant. Il flatte les inhibés et s’efface derrière la vedette. Il est doux. Il dit que c’est dur, les blessures de l’amour, et qu’il faut du temps pour s’en remettre.

Le pirate a un cœur. A moins qu’il ne l’ait déjà donné.
C’est bien là tout le problème.

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