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la girouette
30 mai 2005

Paradise Regained - Paradise Lost

C’était samedi matin.
Je ne sais par quel coup du sort tu t’es retrouvé sur ma route, mais tu étais là.

J’ai cru défaillir en te voyant. J’ai cru que je n’arriverais jamais à franchir la dizaine de mètres qui me séparait de toi. J’ai cru que j’allais partir dans tous les sens, comme un ballon de baudruche qui s’échappe, tant tout s’affolait en moi. J’ai cru que la terre s’ouvrait sous moi et qu’elle allait m’absorber. J’ai cru que j’allais faire demi-tour. Mais non.
Comme d’habitude je suis restée impassible. Je t’ai même dit bonjour. Je t’ai même fait la bise. Embrassé sur la joue. Contact. Toucher. Odorat.

J’aurais dû me douter que tu serais là. Je m’en doutais peut-être.
Qui sait ?
Moi, sûrement.

Tu étais là. Enfin le bleu de tes yeux. Enfin ce bleu. Je ne pouvais même pas te regarder tant j’avais peur de m’accrocher à tes yeux. Bleus. Bleus. Bleus.
Vue.

Nous nous sommes arrangés pour ne pas nous croiser de la journée. J’essayais d’être naturelle, mais il n’y a pas dû y avoir une seconde qui a passé dans la journée sans que je n’aie conscience de ta présence. Et lorsque tu es venu t’asseoir à côté de moi pour le repas du soir avec ce regard que je ne t’avais pas vu depuis des siècles, mélange d’audace et de timidité, mon cœur a basculé comme il ne l’avait plus fait depuis des siècles.
Echange de paroles, sourires. Complicité. Rire. Regards. Tu avais l’air aussi fatigué que moi de te battre. Douceur… ou tendresse ?

Le dimanche matin fut trouble. T’en es-tu rendu compte ? Je commençais (ou devrais-je dire recommençais) à me soucier de ce que tu pouvais bien penser. J’ai tenté de garder mes distances, mais je n’ai surtout rien fait pour écouter mon malaise.

Lorsque nous avons visité cet immeuble, tout était déjà redevenu comme avant. Je te suivais sans oser demander pourquoi nous étions là, si tu en avais dessiné les plans. Tu ne m’expliquais rien, et j’étais à nouveau convaincue que c’était un honneur de partager ton silence. Une mission de deviner et comprendre sans sous-titres. Pour briller. Mais j’étais à nouveau une ombre.
Tout à coup tu as fait volte-face. Pourquoi, pourquoi es-tu toujours si imprévisible dans tes moments de communion ? Chaque fois je capitule. Tant de passion dans tes baisers, ta tête dans le creux de mon cou –come to me/i’ll take care of you/protect you/you don’t have to explain/i’ll understand- et soudain tes lèvres et ta langue sur mes seins comme avant comme avant. Toucher. Vue. Odorat. Goût.

Quand je t’ai retrouvé sur le gazon il était déjà trop tard. Tu m’ignorais, ou feignais m’ignorer ; crois-tu que je n’ai pas saisi le message ? Que t’imagines-tu que je pensais le temps d’aller chercher mes affaires ? Je me suis soudain rappelée que je l’avais oubliée. Où était-elle ? Existait-elle encore ? Je t’ai revu alors raccrocher ton téléphone quand j’ai apparu, l'instant d'avant. Mais il était déjà trop tard. J’étais déjà prête à me contenter de ce que tu voudrais bien m’accorder. Rien, c’était déjà quelque chose.
Une ombre. Celle de ta main. Celle de ton chien. Cécité.

Au moment de partir tu ne semblais pas pressé. Et pourtant, tu es parti.
Quand ?... oh mais quand nous reverrons-nous ?

Je ne sais pas pourquoi ce rêve-là, parmi tous les autres, m’a troublée au point que soudain, tu m’as manqué.

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