Chaos

It's funny how I find myself in love with you. (1)

Qu'est-ce que ça veut dire être amoureux? Je ne sais plus vraiment, j'avoue.
J'ai l'impression d'avoir tout écrit. Pourtant je ne crois pas avoir dit grand chose. Un mot suffirait surement à tout résumer. Un mot. Des mots. Les mots. Ces mots. Quels mots?
J'ai un problème avec les mots. Quand je te parle, quand je suis en séance, quand je tente d'exprimer une émotion, j'en arrive toujours à dire: "Je ne trouve pas le mot."

Je repense à ce cours de philo sur le langage, il y a des siècles. Si je n'avais pas la flème, je tenterais de me rappeler qui, quel philososphe, quelle école, comment la prof nous avait démontré avec insistance que les mots n'exprimaient jamais avec exactitude nos émotions. Je n'étais pas d'accord.
J'en ai plein en tête. Lassitude. Abandon. Cataclysme. Angoisse. Mort. Désintégration. Peine. Hébétude. Repli. Transfert. Creuvasse. Douleur. Cassure. Bataille. Douleur. Souffrance. Souffrance. Souffrance. Il en manque plein. Je ne sais même pas si ils existent.

Je ne mettrais surement pas les mêmes choses dans mes disserts. Je suppose qu'il faut dire "heureusement".



Je fais une thérapie. Une thérapie psychanalytique, ça s'appelle. A deux reprise on (dont toi) m'a dit: "Ah, c'est une thérapie de soutien." Ca m'a agacée. Non. Non, non et non. C'est une thérapie psychanalytique.
Encore une histoire de mots. Je pinaille. Mais.



Paroles et musique. Musique de merde. Ca fait mal, crois-moi, une lame enfoncée loin dans mon âme. Regarde-toi, même pas l'ombre d'une larme. et je saigne encore, je souris à la mort. (2)
Paroles et musique. Musique précieuse. I bleed. I bleed. I bleed. (3) I laugh in the mirror for the first time in the year. (4)
La mort dans le miroir. Ou est-ce ma tête sur la porte? Un cauchemard, il paraît.

Je ne lis pas, ou peu. Ou je ne lisais pas, plutôt. J'ai du mal à écrire. Une sorte de crainte, un frein. Pourquoi lire tel bouquin et pas un autre? Par où commencer à écrire? Quelle première idée. Quelle première phrase? Quel premier chapitre? Pourtant je suis raide dingue de l'écriture. Les concepts littéraires élaborés. La narratologie complexe. L'écriture économique associée aux niveaux de narration multiples. Des poupées russes en string. Une dimension infinie décuplée par le minimalisme.


Mon PC a rendu l'âme. Je ne peux plus me décharger dans ce blog.
Je vais mal.



You make me act like other people do, forgive me. (5)
Je t'en veux. A un point, c'est incroyable. Je m'en veux toujours de ne pas être rancunière, et là je t'en veux comme c'est pas permis.
Alors je m'en veux de t'en vouloir. D'avoir cette amertume, cette rage, cette colère, ce poison qui me bouffe. C'est complètement inutile. Et surtout, ce n'est tellement pas moi.

Tu es parti. Et alors? C'est ton droit, tu es libre.
Tu ne m'aimes plus. Ca ne se maitrise pas. Ca s'explique, mais je n'ai surement pas les bonnes raisons. Les as-tu toi-même? De toutes façons c'est le constat qui compte, pas le processus.
Tu m'as trahie. Oui mais bon voilà, nous ne deviendrons pas amis, et c'est tout. C'est mieux comme ça finalement, non?
Tu revis, tu respires, tu m'oublies. Bon, c'est aussi pour ça que tu es parti. C'est donc cohérent.
Tu en aimes une autre, ou tu en aimeras une autre. Et alors? C'est la suite logique, n'est-ce pas?
Je sais. Je sais tout ça. Oui, je sais.
Mais je t'en veux. Je t'en veux tant. Du mal que tu m'as fait. Avant et après. De la plaie béante que tu as ouverte en moi. Je suis brisée. Dévastée.

Mais c'est moi. C'est moi et moi seule qui me suis mise dans cette situation. Comment ai-je pu te laisser devenir tout pour moi? Mon présent, mon futur. Mon foyer, ma famille. Mon homme, ma chair. Ma substance. Mon contenant. Mon référant.

You make me act like other people do, forgive me.

Et moi? Saurais-je un jour me pardonner à moi-même?



(1) Talk Talk
(2) Kyo
(3) The Pixies
(4) The Cure
(5) Kristin Hersh