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la girouette
19 février 2004

Petit soldat

Elle m’a appelée comme ça. « Petit soldat ».

Je n’en peux plus du combat. Lutter toujours, et encore, et à nouveau. Me battre contre moi-même. Savoir que je t’aime et combattre ce sentiment parce que je sais que tu ne me fais que du mal. Parce qu’être avec toi c’est être mal. Être avec toi c’est être anxieuse. Frustrée. Délaissée. Blessée. Niée. Infériorisée. Tu m’infériorises. C’est ce que Claude dit aussi au Sujet Angot.
Je t’ai dit que je ne voulais plus de toi dans ma vie. C’est vrai. C’est vrai, je te jure. C’est ce que je veux de toute ma volonté, de toute ma raison, de toute ma lucidité.
Ensuite je me dis que voilà, alors : je lâche l’affaire. Je baisse les bras. Pourquoi ? Pour ne pas baisser la tête ?

- C’est bien toi, ça.
- Quoi, « ça » ?
- Ben ça, c’est toi. Tu es fière.

Mais ai-je le choix ? Tu sais, je ne cache pas que je ne vais pas très bien. Mes amis le savent, je ne joue pas la comédie. Je leur dis que c’est dur, que je traverse à nouveau une sale période, que je vis des moments difficiles. J’ai même l’impression de les saouler tellement que je le dis. Mais quoi ensuite ? Quoi ? Je ne suis pas fière, je me bats c’est tout.
Peut-être que je veux montrer que je ne me laisse pas abattre. Que je tiens le coup, que je fais tout pour m’en sortir. Que je ne me complais pas dans cet état. Parce que c’est vrai, tu sais ? Je déteste être comme ça. J’ai besoin de voir que je suis courageuse. Voilà, je ne suis pas fière : je suis courageuse. Et en même temps ça me ravage. J’en ai marre d’être un roc. « Dure ». « Solide ». « Forte ». Foutez-moi la paix putain. Comme si j’avais le choix. Est-ce que quelqu’un sur cette putain de terre à la choix ? Expliquez-moi comment on fait face aux situations autrement qu’en prenant sur soi. Autrement qu’en allant de l’avant. Autrement qu’en étant dur, solide ou fort. Qu’est-ce qu’il y a d’épatant là-dedans ? Où il est mon exploit ?

Moi aussi je pleure à gros sanglots. Moi aussi j’ai mal à l’âme. Moi aussi j’ai peur.
J’ai la trouille putain. Je suis flippée comme une malade. Je suis toute ébréchée. Je recolle les morceaux depuis que j’ai dix ans. Je colmate, je ponce, j’essaye d’arrondir les angles. Je me suis toute rassemblée, je tiens ensemble. Mais si je reprends un mauvais coup, je vole en éclats cette fois-ci. Et hop, poubelle.
Et c’est ça que je voulais de toi. « Tu me protèges ». Tu te rappelles ? Je disais toujours ça quand je me blottissais dans tes bras. J’aimerais ne pas t’en vouloir, parce que je sais que je ne pouvais pas exiger de toi que tu portes mes vieilles valises.
Mais si je t’en veux. Parce que tu savais mes souffrances et mes écorchures. Mais tu as choisi d’ignorer ma fragilité pour me malmener. Tu me poussais dans mes retranchements, je me retrouvais là, prostrée. Et tu m’assénais un : « Tu ne me laisses pas le choix ». Mais qu’est-ce que j’ai fait moi, à part tenter d’avoir ma place dans ta vie. Qu’est-ce que je t’ai fait en vrai ?



Savoir tout ce que je sais. Toutes ces prises de conscience. Je sais où est le problème, et je connais la solution. C’est aussi simple qu’une équation. Et pourtant je n’y arrive pas. Elle est toujours déséquilibrée cette putain d’équation. Pas assez d’oxygène peut-être ? Je suffoque.



Se battre pour sauver notre amour, ça n’a pas marché pendant huit ans. Partir, passer à autre chose et cesser le combat, ça ne marche pas du tonnerre on dirait.
Moi non plus, je ne sais plus quelle est la mission.

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Commentaires
P
La vache....<br /> <br /> J'ai failli verser ma larme en lisant ce message. C'est marrant comme tu peux à la fois faire rire les gens et arriver à (presque) les faire pleurer. ça pas dû être un épisode facile !!!
la girouette
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