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la girouette
19 janvier 2004

Girouette en papier

Tout allait si mal, notre monde était devenu si glauque et silencieux que j'avais décidé de coucher ma peine sur le papier. Te parler ne servait plus à rien, tu ne m'entendais même plus... Tu as dit: "J'ai conscience que je ne fais rien pour t'aider". Alors que c'était nous qu'il fallait aider. Mais tu étais déjà parti. Je le sais, je le sentais déjà mais je l'ai vraiment découvert ce fameux dimanche soir de décembre où j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Pourtant ce n'est pas moi qui m'atomisais comme tu l'as (écrit) plagié, c'est toi qui me réduisais à néant.

Je n'ai eu le temps d'écrire qu'une seule lettre, même pas achevée. Car tu es parti cinq jours plus tard. Alors comme ici c'est l'endroit des lettres que tu ne liras jamais, je la poste avant de la confier aux bons soins de la bûche qui brûle dans la cheminée. Je te la livre telle quelle, avec ses tournures maladroites et sa naïveté un peu ridicule, mais tellement sincère.
J'avais si mal.



Le 03 Novembre 2003

Je ne comprends pas. Comment deux personnes qui s'aiment peuvent-elles se faire du mal, en être conscientes, et ne pas réagir? Ne pas réagir pour que ça s'arrête?

J'ai l'impression de devenir folle. Je suis là, je vaque à mes occupations, levée de bonne humeur, pleine de bonnes résolutions. Et puis soudain, il suffit d'une chanson pour que je réalise que rien ne va plus. Trois notes, et toutes ces choses que je ressasse au fond de moi, en sourdine; trois notes et toutes ces pensées prennent corps et deviennent des mots, puis des phrases, et enfin des dialogues imaginaires que je tiens avec toi.
"Tu ne vois pas que j'ai mal?"
"Ca te convient là, ce qu'on vit?"
"Je n'en peux plus. Il faut que ça s'arrête."

Mille et mille fois je m'imagine plier bagage, écrire juste: "Je pars.", et partir, partir, partir. Quitter toute cette merde noire, ces silences, cette tension, toute cette pourriture qui occupe tout l'espace entre nous.
Comme si on en n'avait pas assez bavé. Comme si nous étions deux masochistes, et que par contre-pied chacun se disputait le rôle du sadique. Un prêté pour dix rendus.

Qu'est-ce que c'est que cette vie de merde où on se fait la gueule 22 heures sur 24? Oui, en faisant une moyenne rapide, on doit bien arriver à 2 heures où on se parle de nos boulots (plutôt du mien), de nos opinions politiques (plutôt des miennes), et de notre envie de faire l'amour (plutôt la tienne ou plutôt la mienne, parce que là-dessus comme pour le reste, c'est rare qu'on soit coordonés).
Oui, je noircis très certainement le tableau parce que nous sommes à nouveau en crise. Quoiqu'au niveau proportions je sois plutôt optimiste, on doit en être à une heure de communication quotidienne, et encore...
J'ai une colère hallucinante en moi. Une envie de toute foutre en l'air. De tout casser. De te prendre par les épaules et de te secouer jusqu'à ce qu'enfin un son en sorte.
Je ne sais même plus si tu as encore des émotions en dehors de l'agacement et de la vexation.

Ca ne peut jamais bien se passer. Quoiqu'on fasse, que ce soit de ma faute ou de ta faute.
Je suis toujours là à t'observer du coin de l'oeil pour capter le moment où ça ne va plus. Je deviens complètement paranoïaque.

Tout foire. Tout.

Pour une fois, la dernière fois, la crise est vraiment venue de moi. Comme ça, d'un coup, ça m'a pris. J'ai plein, plein, plein de raisons en tête, mais je les crois maintenant toutes aussi minimes les unes que les autres. Je crois que la vraie raison je l'ai trouvée il y a peu, et je t'en ai fait part: depuis nos "voyages" respectifs (M., puis P.), on ne s'est jamais retrouvé. Il y a toujours une distance entre nous, un truc anti-mélange qui nous empêche de fusionner. Oui, parce que j'en suis persuadée: on a tout ce qu'il faut pour vivre un amour intense, épanoui et réciproque: TOUT.

Mais pour en revenir à ma pensée première: la crise est vraiment venue de moi, et j'avais vraiment l'intention de te quitter. J'ai pris mon courage à deux mains -ce soir où nous avons bu tant de vin- et je t'ai tout exposé. J'ai pris mon courage à deux mains parce que j'étais vraiment persuadée que cette fois-ci ça se terminerait par une rupture définitive. C'est ce que je voulais. Et puis de toutes façons, chaque fois que l'on aborde les aléas de notre relations on envisage la rupture; donc là, comme je la voulais vraiment, la conclusion de la conversation me semblait sans détour.
Et puis non. Pour une fois tu n'as pas parlé de rupture. Tu as dit qu'il fallait laisser passer un peu de temps, que ça ne servait à rien de précipiter les choses, qu'il nous fallait nous laisser réfléchir. Je n'en suis pas revenue. Toi qui es toujours le premier à dire: "Tu veux qu'on se sépare?", comme une perche que tu attendais que je te tende, là pour une fois que j'avais rassemblé tout mon courage et toutes mes convictions pour dire "oui", tu as décidé de nous laisser une chance.

Alors cette chance je l'ai saisie, un peu malgré moi. Et je me suis remise à y croire. Parce que je sais que tu resteras le seul homme que j'aime avec tant d'amour. Et que je resterai la seule femme que tu aimeras si fort malgré tous les détours.

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