Ecrire

Il faudrait écrire plus, il faudrait manger plus, il faudrait penser moins.

Je me suis perdue et je n'arrive pas à  me retrouver. La lutte est rude et rien ne semble jamais gagné. Les hauts et les bas alternent plus rapidement, comment reconstruire des repères quand les prises de conscience successives ne suffisent pas à  éviter les crises?

Pourquoi savoir que j'étais devenue l'ombre de moi-même à ses côtés ne m'aide pas à jouir de son absence? A accepter une bonne fois pour toutes que cette séparation est salutaire pour moi et moi-même et ma personne et ma vie et mon épanouissement? Pourquoi savoir qu'il est en recherche active (très active) d'autres ou d'une autre me fait rire un instant, et me ravage une éternité?

Vomir, j'aimerais vomir enfin. Expulser de mon corps cette bouillie nocive qui pourrit mes veines et ronge mes entrailles. M'alimenter me coûte tant. La fourchette est lourde, les bouchées tièdes et envahissantes. Encore un corps étranger ingéré, qu'il va falloir transformer et assimiler. Et je dépéris à vue d'oeil, je n'habite plus mes vêtements. Je n'habite plus mon corps.
Ne pas tomber dans le cercle vicieux.

Je ne le reconnais même plus. Les photos récentes me montrent un étranger, les plus anciennes me rappellent les frustations, les colères et le mal-être.

Et je ne suis pas si forte que ça bon sang. Arrêtez de me dire ça, arrêtez de penser ça! Je suis si petite et si fragile en vrai. Prenez-moi dans vos bras, faites sortir mes larmes, caressez mes cheveux, bercez-moi, dites-moi ma peine. Dites-moi votre amour, et qu'il a tellement tort. Qu'il abandonne un trésor. Qu'il assèche une oasis. Qu'il met à sac un paradis.
Que ce n'est pas possible d'avoir aussi mal.