Gloomy me

Le doute assaille et fait vaciller le concret, toute trace même infime de réel, chaque grain de poussière - jusqu'à la vacuité.
Chercher, fouiller la meule en vain. Pas une preuve tangible de mon importance, de mon existence, de ma présence, de mon passage. De ma disparition.
Pas le moindre souvenir précieusement gardé. Pas le moindre souvenir ressurgi. Pas le moindre regret. Pas la moindre petite aiguille. Pas le moindre petit rien.

Le doute devient alors certitude. Une certitude aussi vaste et étendue qu'un lac, et l'eau glaciale m'entoure et me submerge à présent, me laissant respirer (?) tel le noyé. Seule, au travers des eaux.
Tout était vrai, ça n'a pu être des histoires.
J'aimerais que tout soit vrai, que ça ne puisse être des histoires.
Et pourtant. Ce fut une construction, un fantasme. Une projection sur écran de papier dégradable. Ne restent plus que les diapositives, quelques part au fond, bien au fond. En moi. Seule.

Négation. Négation. Négation. Négation. Négation. Négation. Négation.

Ce soir les étoiles sont bien pâles, et il est déchirant de constater que toutes mes convictions n'étaient qu'illusions. Et que, dans ce théâtre que j'appelle mon âme, j'ai toujours été celle qui tenait le premier rôle.

Comments

[Ced]

connait* (j'ai tapé trop vite !)

[Ced]

Je ne pense pas que "la nausée" à la Roquentin soit franco-française. Toute tristesse profonde ne connais pas de frontière, ni de nationalité. Elle est en nous, point.
Que l'on vive à Bouville ou à Murdocville, la mélancolie n'est qu'intérieure. Biensûr que le paysage aide à sa façon, mais quand on a le coeur ailleurs, l'immensité de l'horizon ne représente plus grand chose.
Céd. pas loin du Larzac.

[Liberté]

Ah! Il me semble que tu sois de trop pour l'éternité. Tu fais un peu Roquentin dans la Nausée de Sartre. Une nausée très française. Si tu explorais les immenses panoramas du Québec aux horizons infinis,tu découvrirais ce qu'est la Diastance, la vraie distance, celle qui donne des ailes, celle du vent libre, sans contrainte... et la nausée se passerais. Il est certain que si Sartre le cabotin avait vécu un seul mois au Québec, sa nausée serait devenue «La Belle au bois dormant» dont la force créatrice aurait été la DISTANCE !!!!
Michel de Québec.